21 Décembre 2021
Citoyens du monde et de France : attachez vos ceintures, car cette année 2022 sera lourde de dangers d’une gravité sans précédent pour le monde.
Sur un arrière-fond de surchauffe des prix de l’énergie, de goulets d’étranglement économiques et de reprise de l’inflation, qui menacent les échanges mondiaux, pas moins de quatre crises géopolitiques majeures se profilent dès le début de cette nouvelle année.
La nouvelle vague se propage déjà en Europe à une vitesse exponentielle. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui se prépare sur tous les continents, et notamment sur les continents les plus pauvres et les moins développés. Toutes les études épidémiologiques recueillies à travers le monde, et dont le New York Times vient de rendre compte, montrent que si tous les vaccins déjà distribués protègent contre les manifestations les plus graves de la maladie, seuls les vaccins ARN messager de type Pfizer et Moderna ont un impact, au demandant imparfait sur la transmission.
En revanche tous les autres vaccins de type « classique » tels que le vaccin Astra Zeneca très largement employé en Inde, ou les vaccins Chinois Sinovac distribués en Chine bien sûr, mais aussi en Asie, en Afrique et l’Amérique du Sud, de même que les vaccins russes, n’ont rigoureusement aucun impact sur la transmission de la maladie.
Ce qui veut dire que le monde est à la veille d’un immense choc pandémique, dans toutes les régions essentiellement sous-développées qui n’ont pas de reçu de vaccins ARN. Dans ces pays et notamment en Afrique où la vaccination n’a touché que 13 % de la population, Omicron va littéralement inonder ces pays en entraînant des conséquences extrêmement graves pour toutes les populations non encore vaccinées, ou qui sont immunodéprimées. Bien entendu, les systèmes de santé seront très vite submergés, mais il faut surtout s’attendre à une explosion du nombre de victimes.
La pandémie est donc en train de rentrer dans une phase nouvelle particulièrement meurtrière en Afrique et dans les pays en voie de développement non couverts par les vaccins ARN messager. Tandis que les pays riches feront tout pour accélérer une troisième dose chez eux, rien à ce stade n’est prévu pour endiguer ce qui pourrait être un tsunami viral qui emportera des millions de gens, peut-être même des dizaines de millions de gens dans les pays sous-développés y compris l’Inde.
Profitant de la faiblesse américaine après le retrait calamiteux de Afghanistan, de la fragilité de l’administration Biden, des divisions très profonde à l’intérieur même des États-Unis, Poutine a semble-t-il décidé de provoquer délibérément une épreuve de force avec l’Occident, s’agissant de l’Ukraine et du futur de ce que les Russes appellent leur « étranger proche ». Pour le Kremlin, il s’agit d’un finir une fois pour toutes avec les élargissements de l’OTAN vers l’Est, et d’imposer une sorte de Finlandisation « comme on disait pendant la guerre froide, c’est-à-dire une neutralisation en bonne et due forme, sanctionné par des traités écrits, de pays tels que l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie ou l’Arménie.
Début janvier la Russie aura amassé quelques 175 000 hommes aux frontières de l’Ukraine. Ces troupes ne pourront pas rester l’arme aux pieds indéfiniment. Si Biden ne cède pas et n’accorde pas aux Russes une sorte de droit de veto sur leur voisinage immédiat, alors il n’est-il est possible, voire probable, que les Russes passent à l’action.
D’ores et déjà les Américains, tout en écartant le chantage russe, ont clairement indiqué qu’ils n’interviendraient pas militairement au secours de l’Ukraine, mais qu’en revanche, ils prendraient des sanctions économiques « sans précédent » à savoir l’exclusion des entreprises russes du système de compensation bancaire Swift. De même, il est envisagé de bloquer définitivement l’entrée en service du nouveau gazoduc reliant directement la Russie à l’Allemagne, Gulf Stream II.
L’ennui c’est que ces fameuses sanctions sont déjà mort- nées, dans la mesure où les Allemands, ayant renoncé au nucléaire et promis de fermer également leurs centrales à charbon, sont extrêmement dépendants du gaz russe, qu’ils ont besoin de payer leurs gaz via Swift, comme ils ont besoin du gazoduc Gulf Steam II. Conséquence : la voie est ouverte à une invasion Russe de l’Ukraine début 2022, sauf si des négociations sur une future architecture du système de sécurité en Europe s’engagent très rapidement, ce qui ne semble pas être l’inclination des capitales occidentales à ce stade…
Le cauchemar des prévisionnistes est que l’homme fort de la Chine, Xi Jin Ping qui, fin 2002 devrait obtenir une sorte d’impérium à vie sur la Chine communiste, décide lui-aussi de profiter de la faiblesse américaine et des dissensions entre alliés occidentaux, pour envahir Taiwan et au passage, mettre la main sur la première industrie mondiale de semi-conducteurs.
Ces jours derniers à Hong Kong, Pékin a définitivement mis au pas l’ancienne colonie britannique en organisant des élections locales, où les candidats appelés à concourir étaient eux-mêmes choisis par le pouvoir central… Pour Pékin, Hong Kong doit servir d’exemple à Taïwan.
Dans ces conditions, le pire cauchemar serait d’assister à des interventions armées simultanées, voire coordonnées, entre Moscou et Pékin en Ukraine et à Taïwan, au début de l’année 2022.
Au début de l’année 2021 l’administration Biden nouvellement élue ,avait promis de reprendre d’urgence les négociations nucléaires avec l’Iran, avec l’idée d’échanger les sanctions « maximales » imposées par Trump, contre la renégociation de l’accord nucléaire de 2015, que les Américains souhaitaient étendre à la limitation des programmes de missiles balistiques iraniens, et surtout à l’arrêt des interventions de plus en plus massives des gardiens de la révolution dans plusieurs pays arabes voisins ,dont l’Irak la Syrie, le Liban et le Yémen.
Tout au long de l’année 2021 les Iraniens ont fait durer le plaisir, entamant les négociations en mars, puis les suspendant en juin, puis les reprenant en novembre, mais en exigeant des Américains qu’ils lèvent comme préalable à toute discussion ,les sanctions imposées par Trump et qu’ils s’engagent par la même occasion , à ne plus jamais décider de sanctions unilatérales . Bien entendu les Iraniens n’ont même pas évoqué la question des missiles ou des actions extérieures des gardiens de la révolution.
Entre temps, l’Iran accélérait son programme nucléaire clandestin au point qu’aujourd’hui, les centrifugeuses iraniennes sont capables d’enrichir l’uranium à 60 %, c’est-à-dire à un niveau quasi militaire.
La question la bombe iranienne n’est donc plus une affaire de « si », mais de « quand « : quelques mois, pense-t-on…
Le plus probable à ce stade est que la négociation de Vienne sur le Nucléaire iranien ne donnera rien, et le monde devra apprendre à vivre avec une République islamique, a minima au seuil de la bombe atomique.
Ce qui entraînera très probablement le démarrage d’une course aux armements nucléaires dans toute la région, à commencer par les États arabes du golfe, l’Arabie Saoudite, la Turquie, sans parler d’une éventuelle action militaire d’Israël. Une action qui entraînerait une spirale de guerre d’une violence sans précédent dans l’ensemble du Moyen-Orient compte-tenu des moyens balistiques dont disposent l’Iran et ses alliés à proximité immédiate d’Israël : au Liban, en Syrie ou à Gaza.
Inquiétante, voire angoissante, cette liste de désastres annoncés n’est même pas complète : on doit y ajouter la situation extrêmement préoccupante des opérations militaires françaises dans le Sahel, où la France est désormais en but ´non seulement à l’extension du djihadiste mais surtout à une critique de plus en plus virulente de la part de certains gouvernements africains censés être nos alliés, à commencer par le Mali … Sans parler des opinions publiques africaines de plus en plus hostiles à la présence militaire française, le tout profitant à l’activisme Russe (via la milice Wagner), et à la pénétration d’autres acteurs comme la Turquie et la Chine. De plus en plus, l’opération Barkhane dans laquelle la France s’est laissée ensablée grâce à François Hollande en 2013, prend des allures de deuxième Afghanistan…
Vaste sujet pour le ou la prochain(e) locataire de l’Élysée…
Ajoutons encore que la situation dans les Balkans occidentaux, pénétrés là aussi par les Russes et les Chinois, donne des signes de dégradation très inquiétants pour 2022.
Le point d’affrontement déjà visible concerne la Bosnie-Herzégovine, où l’une des composantes créées par l’accord de Dayton, à savoir la république Serbe de Bosnie dirigée par Dodic, entend carrément faire sécession et créer sa propre armée au printemps prochain. Ce qui pourrait entraîner une guerre généralisée en Bosnie et peut-être même contaminer la Serbie et la Croatie.
Au total, jamais depuis la fin de la guerre froide, depuis même la fin de la seconde guerre mondiale, voire même depuis les années 30, avait-on vu au même moment se concentrer autant de foyers de guerres et de tensions menaçant la paix du monde, le tout avec pour arrière-plan, une pandémie sans précédent depuis la grande « grippe espagnole » des années 1917-1924.
Et puisque nous sommes encore dans la saison des vœux de la nouvelle année, souhaitons que les dirigeants de la planète soient à la hauteur des défis qu’ils vont très rapidement rencontrer en ce début d’année 2022.