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Les Chantiers de la Liberté

Idées et analyses sur les dynamiques politiques et diplomatiques.

Le bazar nucléaire de Téhéran

Après des mois de tergiversations, le régime des Mollahs a finalement consenti à reprendre les négociations de Vienne lundi prochain 29 novembre, destinées à essayer de sauver ce qui peut l’être encore de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, accord dit JCPOA.

Pour les Américains et les occidentaux, ces tractations de la dernière chance, voulues par Biden mais interrompues par Téhéran depuis juin, au prétexte de l’installation du nouveau président

Raïssi, se présentent sous les plus mauvais auspices.

La stratégie, dite de « pressions maximales » décidée précédemment par Trump en 2018, lorsque les États Unis avaient spectaculairement dénoncé l’accord signé par Obama trois ans plus tôt, a tout simplement échoué.

Malgré des sanctions commerciales massives et l’embargo sur leurs ventes de pétrole (contourné d’ailleurs par la Chine), les Iraniens n’ont eu de cesse que d’accélérer leur programme nucléaire, d’augmenter le niveau d’enrichissement d’uranium à 60 %, c’est-à-dire un niveau quasi militaire, tout en ouvrant de nouvelles installations souterraines hors du contrôle de l’agence internationale de l’énergie atomique de Vienne. Mieux, l’Iran n’a fait qu’accentuer la pression militaire et politique sur ses voisins arabes. Partout les Gardiens de la Révolution et leurs alliés locaux, Hezbollah et autres milices chiites ,n’ont cessé de renforcer leur influence politique et militaire : c’est le cas au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen…Les mêmes Gardiens de la Révolution et leurs alliés ont également multiplié tout cet été, les attaques de missiles ou de drones contre des navires émiratis ou des installations pétrolières saoudiennes, ciblant même des navires Israéliens et des forces américaines déployées en Irak et en Syrie. Le tout, en continuant à développer un impressionnant arsenal de missiles balistiques ou de croisière ainsi que de drones.

Sur tout cela, les Américains n’ont plus guère de prise, ayant abandonné la Syrie aux Russes et aux Iraniens depuis 2013, se retirant d’Irak après un autre retrait, piteux, d’Afghanistan : l’Amérique quitte le Moyen Orient et ne fait plus peur…Confrontés au vide laissé par Washington, Émiratis et Saoudiens tentent un rapprochement avec l’ennemi persan, lequel multiplie les accords de défense avec la Russie et la Chine…

Exit donc, l’ambition initiale de Biden de ressusciter, tout en le renforçant, l’accord de 2015.

Non seulement les Iraniens refusent de négocier directement avec la délégation américaine, mais ils exigent la levée immédiate des sanctions et même la garantie (juridiquement impossible), que les Américains ne se retireront plus jamais d'un éventuel accord. Quant à l’idée d’en finir avec l’activisme iranien dans la région, ou de stopper les programmes de missiles de Téhéran, les Iraniens ne veulent même pas en entendre parler.

Dans une telle configuration, la négociation de Vienne s’apparentera assez vite à celles du Bazar de Téhéran, autour d’un mauvais tapis déchiré, dont personne ne veut payer la réparation. Les Iraniens n’entendent céder sur rien : ni sur leur nucléaire, ni sur leurs missiles, ni sur leur influence dans la région. Et personne au Congrès ne laissera Biden lever les sanctions en échange de rien… Chacun accusera donc  l’autre d’être responsable de l’échec programmé…mais en attendant, l’acquisition de l’arme atomique par l’Iran ne sera  plus qu’une affaire de mois…

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