Idées et analyses sur les dynamiques politiques et diplomatiques.
4 Avril 2025
Quelques mauvais esprits auront remarqué le curieux contraste entre le langage martial, quasi guerrier, employé par le président Macron à l’encontre de la Russie, et celui infiniment plus policé dont il gratifie l’Algérie.
Tandis que la première est désignée comme une menace existentielle contre la France et l’Europe, justifiant un urgent effort de réarmement, la seconde demeure un partenaire proche, presque un membre de la famille, en raison de l’histoire mais aussi des quelques six millions d’Algériens ou de descendants d’Algériens établis en France. À ceux-là, comme au régime d’Alger, on tolérera tous les excès…
Contre Moscou, coupable d’agression en Ukraine, la France s’est associée sans hésiter à seize « paquets » de sanctions bruxellois, renonçant même à 25 milliards d’euros d’investissements en Russie.
En revanche, contre l’Algérie, qui multiplie les gestes inamicaux destinés à gêner ou à humilier publiquement la France, le président Macron a bloqué toute velléité de riposte diplomatique un tant soit peu sérieuse.
Pourtant, la réalité n’est guère engageante.
La politique étrangère de l’Algérie est depuis fort longtemps systématiquement antifrançaise, y compris au Sahel ; son armée est essentiellement équipée de matériels soviétiques puis russes, et pour une petite part, plus récemment, américains. Quant à l’empreinte économique de la France en Algérie, elle est des plus modestes (2,8 milliards d’investissements), et Alger préfère vendre son gaz à l’Italie…
Alors pourquoi tant d’égards, quand l’Algérie, imitant les mollahs de Téhéran, prend en otage un écrivain de nationalité française, âgé et de surcroît malade ?
Pourquoi cette pudeur de jeune fille quand l’Algérie refuse systématiquement de reprendre plusieurs milliers de ses ressortissants clandestins ou condamnés en France, au mépris de conventions consulaires dûment signées avec la France ?
Pourquoi la responsabilité de l’État algérien n’est-elle même pas évoquée lorsque l’un de ses ressortissants, délinquant multirécidiviste, présenté en vain à quatorze reprises au consulat algérien pour son rapatriement, commet un crime atroce à Mulhouse ?
Pourquoi et jusqu’à quand la France doit-elle tolérer que les ressortissants algériens soient surreprésentés parmi les auteurs de crimes et délits commis sur le territoire français (première nationalité parmi les détenus étrangers dans les prisons françaises) ?
Que nombre de mosquées, comme celle « des Bleuets » à Marseille, soient animées par des imams algériens ouvertement salafistes, qui distillent quotidiennement la haine de la France ?
Pourquoi des « influenceurs » algériens établis en France s’autorisent-ils à défendre le gouvernement d’Alger en menaçant de mort d’autres immigrés algériens peu convaincus par ce régime ?
Et que dire alors de la part dominante des immigrés algériens ou de leurs descendants dans le narco-trafic (la célèbre DZ mafia, par exemple), qui est en train de submerger la France, entraînant une violence criminelle sans précédent : 132 morts l’an dernier…
Et que dire des membres de la nomenklatura algérienne qui, profitant de passeports diplomatiques, viennent faire leur shopping ou se faire soigner gratuitement en France, laissant l’ardoise aux anciens colonisateurs… « 132 ans d’occupation », a dit l’excellent président Tebboune, donc « 132 ans de visas »…
Le vaillant ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait l’intention de réagir fortement en dénonçant l’accord de 1968 sur les visas, s’est rapidement heurté au veto présidentiel.
« L’accord de 1968, c’est le Président », le dénoncer « n’aurait aucun sens », a dit Macron, qui reste fidèle à sa funeste position de départ : la France est coupable de « crimes contre l’humanité » en Algérie, elle doit donc payer sa faute.
Un positionnement idéal pour un régime militaro-sécuritaire algérien, qui ne survit que grâce à sa rente mémorielle faite de dénonciation permanente des crimes de la France.
Et comme le gouvernement français est ouvertement divisé, M. Tebboune en profite pour faire son marché parmi les officiels français : Retailleau, c’est le « cafarnahum » de « l’extrême droite » ; Macron, son « unique point de repère » digne d’intérêt.
Macron – Tebboune, donc. On ne change surtout pas une équipe qui gagne, et l’on va donc continuer comme avant, jusqu’au prochain coup de colère venu d’Alger.
Entretemps, qui sait, Sansal bénéficiera peut-être d’une grâce présidentielle ?
D’ici là, nous sommes priés de continuer à délivrer nos 250 000 visas par an, d’accueillir aussi les clandestins, et bien sûr de garder chez nous des milliers de criminels algériens condamnés.
Question : quand la France se décidera-t-elle enfin à traiter l’Algérie comme n’importe quel autre État inamical, et non comme un dossier sensible de politique intérieure ?
Pierre Lellouche
Tribune VA – 26/03/2025
Les Chantiers de la Liberté - Pierre Lellouche
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