Les Chantiers de la Liberté

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Trump, l’Algérie et nous…

Trump, l’Algérie et nous…

François Fillon, sorti un instant de son silence, a su trouver les mots justes pour qualifier l’élection de Donald Trump et les réactions qu’elle a provoquées chez nous :

« Donald Trump, dit-il, a gagné les élections parce que les Américains ne supportaient plus l’immigration totalement incontrôlée, les folies wokistes et le risque de se voir entraîner dans des guerres multiples… »

Sa victoire est une « victoire populaire sur des élites déconnectées qui croient détenir la vérité alors qu’elles enchaînent les échecs ». Mais si les maux sont sensiblement les mêmes des deux côtés de l’Atlantique, Fillon note que « l’investiture du nouveau président des États-Unis provoque en France des réactions démesurées qui illustrent notre faiblesse et notre déclassement ».

À la rapidité, à la puissance, voire à la brutalité des décisions annoncées à Washington le jour même de l’investiture, correspondent, comme le ferait le négatif d’une photographie, la paralysie et l’impuissance françaises sur les préoccupations essentielles de la nation, à commencer par l’immigration. D’où ce grand écart entre la diabolisation immédiatement décrétée par les uns et l’émerveillement ressenti par les autres.

Sans verser dans l’un ou l’autre de ces travers, je note qu’une dose de trumpisme ne serait pas inutile pour sortir enfin de nos interminables contorsions sur l’Algérie, l’immigration algérienne en France et les multiples avanies que nous fait subir le régime militaro-islamiste d’Alger, sans susciter chez nous la moindre réaction — sauf la génuflexion…

Trump, à l’inverse, agit dès les premières heures de son mandat : fermeture totale des frontières, refus d’instruire toute nouvelle demande d’asile, suppression du droit du sol pour les enfants nés aux États-Unis de parents en situation irrégulière, mise en place d’un programme d’expulsions massives des clandestins, déclaration de l’état d’urgence sur la frontière sud et emploi de l’armée…

On est loin, très loin de tout cela en France. Au grand dam de la très grande majorité des Français qui ne supportent plus l’immigration de masse et ses conséquences, ainsi que l’arrogance du pouvoir algérien, les dirigeants français, au contraire, préfèrent l’apaisement.

Le président de la République a donné le ton peu avant sa première élection en 2017 : la France est coupable, a-t-il dit à Alger, de « crimes contre l’humanité ». Or, le stratège chinois Sun Tzu enseigne qu’il ne faut jamais se battre sur le terrain de l’adversaire. C’est pourtant ce que fait la France de Macron en touillant à l’envi la soupe mémorielle empoisonnée, qui est la rente même du régime algérien depuis soixante ans ! Mea culpa permanent, auquel répond à Alger une mauvaise foi permanente, érigée en système.

« Vous nous avez colonisés pendant 132 ans : vous nous devez 132 ans de visas », dit tranquillement le président Tebboune.

Hors de question donc de toucher à l’accord de 1968, qui accorde aux Algériens des conditions d’accès et de séjour en France exorbitantes du droit commun ; hors de question non plus de revoir l’aide publique au développement versée à l’Algérie (842 millions entre 2017 et 2022), ni de réclamer les dizaines de millions d’euros de soins non réglés aux hôpitaux français, ni de réguler l’immigration irrégulière venue d’Algérie. Pourtant, la France compte sur son sol, d’après l’INSEE, quelque 878 000 immigrés algériens et 1,2 million de descendants nés en France d’au moins un parent algérien…

Des Algériens dont certains se revendiquent comme les « moudjahidines » du régime, appelant ouvertement à la violence en France. Ceux-là, l’Algérie refuse de les reprendre, alors même qu’elle met au cachot un écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, âgé et malade, coupable d’avoir critiqué ce régime kleptocrate. Boualem Sansal, otage d’État du régime, à la mode iranienne…

La France « a été humiliée », nous dit fort justement le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mais avant d’ajouter qu’« il faut tourner la page »…

Une dose de trumpisme pourtant s’imposerait avec les mesures suivantes, applicables immédiatement : suppression pour trois mois renouvelables de tous les visas et titres de séjour, arrêt des transferts financiers vers l’Algérie, fermeture de consulats (vingt en France contre trois consulats français en Algérie !), cela en attendant que cessent les déclarations injurieuses contre la France et ses dirigeants, que l’Algérie contrôle l’immigration illégale et reprenne ses ressortissants expulsés depuis la France.

Car oui, la puissance impose le respect, comme la faiblesse conduit au paillasson. De ce point de vue, l’élection de Trump n’est pas sans enseignements pour notre vieux pays, qui mérite mieux que la soumission…

 

Pierre Lellouche

VA, 23 janvier 2025

 

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G
Monsieur le Ministre, <br /> Pour injecter un peu de Trumpisme dans la politique française, encore faudrait-il que nous ayons une classe politique Française de Droite, suffisamment charpentée idéologiquement pour ne pas plier aux premiers articles castrateurs de la presse de gauche.<br /> Il y en avait un, il vient de nous quitter !<br /> Gery Daniel Dordogne <br /> 0659183516
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