Idées et analyses sur les dynamiques politiques et diplomatiques.
29 Octobre 2025
Dans la guerre des tarifs douaniers déclenchée par Trump, tous s’étaient couchés, à commencer par l’Europe, mais également l’Amérique latine, l’Afrique et même l’Asie. Tous avaient consenti à l’extorsion, en moyenne 15 % de droits de douane supplémentaires, pour espérer continuer à être protégés ou à exporter sur le marché américain. Trump avait appelé cela « Libération Day ». Tous s’étaient couchés, sauf une puissance : la Chine.
La Chine, qui a d’abord riposté en décrétant des tarifs douaniers équivalents, forçant Trump à faire en partie machine arrière ; puis en stoppant purement et simplement toutes ses importations de soja américain (une perte sèche de 13 milliards de dollars pour les fermiers de l’Illinois, de l’Iowa, du Minnesota et de l’Indiana), immédiatement remplacés par les producteurs brésiliens. Rétorsion aussi, avec la décision de se passer des microprocesseurs de Nvidia que Trump avait pourtant hésité à vendre aux Chinois avant de s’y résoudre et de découvrir que Pékin n’en voulait plus, montrant ainsi qu’il pouvait produire une technologie au moins équivalente en Chine même. Cela avant un dernier coup de bambou plus douloureux encore : l’embargo sur les terres rares et surtout sur tout équipement qui pourrait en contenir, même en quantité infime, à commencer par les fameux aimants, indispensables dans les téléphones, les automobiles et jusque dans les missiles Tomahawk (convoités par l’Ukraine), la propulsion des drones ou dans les chasseurs F-35. Or 90 % de ces aimants sont fabriqués en Chine… Officiellement, les Chinois précisent qu’il ne s’agit pas d’un embargo, mais de simples « licences d’exportation » accordées pour un « commerce légitime », l’appréciation étant laissée, au cas par cas, aux seuls contrôleurs de Pékin…
L’annonce de ce nouveau dispositif jeudi dernier a déclenché une belle panique sur les deux rives de l’Atlantique, notamment dans les industries de défense et dans l’automobile, certaines firmes ayant dû stopper temporairement leur production après un premier embargo testé par les Chinois en avril dernier…
Fidèle à son habitude, Trump a réagi dès le lendemain en décidant d’imposer 100 % de droits de douane sur tous les produits chinois à compter du 1er novembre, et en menaçant même d’annuler sa rencontre prévue avec Xi, la veille 31 octobre en Corée, à l’occasion du sommet de l’APEC.
Deux jours plus tard, Trump changeait encore de registre : « Ne vous inquiétez pas pour la Chine. Ça ira très bien. Le très respecté président Xi traverse un moment difficile. Il ne veut pas de dépression dans son pays. Pas plus que moi… ».
Reste à savoir si, une fois de plus, les Américains ne se trompent pas sur la Chine, ses intentions et ses capacités.
Leur première erreur, de proportion historique, fut de laisser la Chine entrer dans l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce) en 2001, avec l’idée que la Chine évoluerait grâce au commerce vers une économie de services, une classe moyenne majoritaire et donc la démocratie… Las, il s’est avéré que la Chine de Jiang Zemin était bien plus libre que celle de Xi, mais que ce dernier a multiplié par 15 la taille de l’économie chinoise. Deuxième erreur : la sous-estimation de la capacité d’innovation des Chinois qui pourtant ont apporté par le passé l’imprimerie, le compas, la porcelaine ou la poudre et le papier. La Chine d’aujourd’hui est au plus haut niveau en matière spatiale, en matière nucléaire, de drones, de missiles hypersoniques et bien sûr de batteries…
Au cœur de cette guerre commerciale, la vraie compétition se joue sur l’IA, qui déterminera qui dominera le monde de demain.
Pour l’heure, Trump se félicite d’avoir fait chuter les importations chinoises aux États-Unis de 27 % en un an, ce qui au passage est une catastrophe pour l’Europe qui voit arriver en masse les surplus chinois… Mais Trump et ses conseillers seraient bien avisés de relire le discours de Xi d’avril 2020 devant la Commission centrale des affaires économiques et financières, où le dirigeant chinois annonçait la couleur : « Nous devons resserrer la dépendance des chaînes industrielles autour de la Chine… et développer une capacité de représailles et de dissuasion contre toute tentative d’interruption par des puissances extérieures ».
Resserrer la dépendance, nous y sommes…
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Les Chantiers de la Liberté - Pierre Lellouche
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