Idées et analyses sur les dynamiques politiques et diplomatiques.
18 Juin 2025
L’option était discutée depuis des années en Israël, depuis trois décennies au moins : détruire par la force aérienne toutes les installations nucléaires iraniennes. Soit par Israël seul, soit avec l’aide des États-Unis. Israël, dont l’essentiel de la population est concentré sur une étroite bande de terre, l’équivalent d’un ou deux départements français, ne pourrait pas vivre avec la menace permanente de son éradication par une seule bombe nucléaire larguée par un régime islamique obsédé par la disparition des Juifs de la région.
La décision d’attaquer dans la nuit de jeudi à vendredi dernier a donc finalement été prise par Benjamin Netanyahu seul, en raison de quatre facteurs :
La guerre est donc déclarée, caractérisée par des échanges quotidiens extrêmement violents, frappes aériennes israéliennes d’un côté et ripostes iraniennes par missiles balistiques et drones de l’autre. Jusqu’où ira ce conflit ? Peut-il embraser toute la région voire au-delà ?
Clausewitz disait : « L’objectif politique est le but, la guerre le moyen ; un moyen sans but ne se conçoit pas ». Si l’objectif israélien est de détruire totalement les installations nucléaires iraniennes, ce but risque fort de ne pas être atteint lors de ce conflit, en dépit du brio initial des opérations israéliennes. Les Iraniens ont tiré les leçons du passé, enterrant profondément leurs sites les plus sensibles. Israël ne dispose pas d’armes suffisamment puissantes pour pénétrer ces installations enfouies, contrairement aux Américains, détenteurs d’une bombe anti-bunker de 15 tonnes, mais dont Trump a exclu toute implication directe.
Une autre ambition pourrait être le changement de régime en Iran, appelant à un soulèvement populaire. Cependant, la solidité du régime des mollahs et l’absence d’opposition organisée rendent cette option peu réaliste.
L’escalade semble donc l’issue la plus probable, avec recours au terrorisme et blocage du détroit d’Ormuz, perturbant gravement l’économie mondiale. Israël continuera ses frappes, tandis que l’Iran intensifiera ses attaques contre les civils israéliens. Israël, isolé diplomatiquement et militairement, dépendra rapidement du soutien américain en termes de matériel militaire. Toutefois, l’administration Trump cherche à éviter toute implication directe, sauf attaque contre ses propres forces.
En somme, impasse ou escalade, l’avenir de cette guerre dépendra des résultats militaires immédiats des frappes actuellement en cours.
*Note :
Le site nucléaire de Fordow, situé près de Qom en Iran, est au cœur des tensions actuelles entre Israël et l'Iran. Conçu pour résister aux frappes aériennes, ce site est enfoui sous environ 80 à 110 mètres de roche, ce qui le rend extrêmement difficile à détruire avec des armements conventionnels. Israël a récemment intensifié ses opérations aériennes contre les installations nucléaires iraniennes, mais Fordow demeure intact en raison de sa fortification exceptionnelle.
Le seul armement connu capable de pénétrer une telle profondeur est la bombe américaine GBU-57A/B Massive Ordnance Penetrator (MOP), pesant environ 13,6 tonnes. Cette bombe est conçue pour être larguée par des bombardiers furtifs B-2 Spirit, seuls avions capables de transporter une telle charge. Actuellement, seuls les États-Unis possèdent cette capacité, ce qui signifie qu'une opération visant à détruire Fordow nécessiterait leur implication directe.