Les Chantiers de la Liberté

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Au secours ! L’Internationale Réac arrive !

Au secours ! L’Internationale Réac arrive !

À quelques jours de l’investiture du 47ᵉ président des États-Unis, ce 20 janvier, Emmanuel Macron, plus encore peut-être que la quasi-totalité de ses homologues européens, vit un véritable cauchemar éveillé.

Tout le monde l’a oublié, sauf Macron lui-même bien sûr, mais dans la nuit du 6 au 7 janvier 2021, très exactement le 7 à 1 h 37 du matin, le président de la République française a convoqué à l’Élysée une équipe de télévision pour délivrer un message nocturne à la nation américaine digne, dans son esprit tout au moins, de La Fayette et de Rochambeau.

Quelques heures auparavant, ce 6 janvier 2021, plusieurs milliers de supporters du président Trump battu avaient pris d’assaut le Capitole pour empêcher le Congrès de certifier les résultats de l’élection présidentielle du mois de novembre précédent. Volant au secours de la démocratie américaine en péril, Emmanuel Macron se crut obligé d’haranguer le peuple américain, en pleine nuit, en français et même en anglais, un drapeau américain derrière son épaule droite, deux drapeaux, européen et français, sur sa gauche, en ces termes :
« Nous ne céderons rien à la violence quand les partisans d’un président sortant remettent en cause par les armes les résultats légitimes d’une élection. »

Renouvelant sa confiance « dans la force de la démocratie américaine », il ajouta ceci en anglais : « What happened today in Washington is not America, definitely. »

Mauvaise pioche.

Non seulement Trump n’a jamais reconnu sa défaite en 2020, pas plus que sa responsabilité dans l’assaut du Capitole, mais il n’a cessé au contraire de dénoncer une « élection volée », une conviction apparemment partagée par une majorité du peuple américain qui vient de le réélire triomphalement à la Maison Blanche. Pire, Trump est bien décidé à gracier ses partisans emprisonnés depuis l’affaire du Capitole, et surtout à faire payer tous ceux qui, selon lui, se sont acharnés à le faire perdre en 2020 comme en 2024 : les juges, les médias, les journalistes et même les militaires ou les agents du FBI… Tous sont aujourd’hui dans sa ligne de mire. Ce qui explique les contorsions des grands médias vers Trump ces derniers jours, de Meta à CBS, en passant par le Washington Post ou le Los Angeles Times.

La semaine dernière, devant la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Élysée, Macron a lui aussi tenté de rattraper le coup en rappelant comment il « avait su travailler » avec Trump entre 2016 et 2020. Mais il n’a pu s’empêcher de s’en prendre au principal soutien de Trump (et son futur ministre), un certain Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et sans doute l’un des plus puissants par sa force de frappe dans les réseaux sociaux, en le dénonçant implicitement comme le maître d’œuvre d’« une internationale réactionnaire ».

Très mauvaise pioche encore.

Car face à cette fameuse internationale réac, l’internationale « progressiste » chère à Macron et à Mme Von der Leyen à Bruxelles fait désormais bien pâle figure. Le jour même de l’élection de Trump, le gouvernement Scholz tombait à Berlin, suivi par la démission de Trudeau au Canada, au moment même où le Congrès confirmait l’élection de Trump. Deux gouvernements alliés à terre en deux mois, l’effet « blast » est pour le moins étonnant ! Mais ce n’est pas tout. Musk, qui considère Scholz comme « un imbécile », deale publiquement avec l’AfD en Allemagne à la veille des élections allemandes le mois prochain, tandis qu’il demande l’incarcération du Premier ministre britannique Keir Starmer pour avoir, lorsqu’il était Procureur général du Royaume, laissé violer des milliers de très jeunes filles britanniques par des migrants pakistanais, cela pour s’assurer du vote musulman…

On comprend que l’Italienne Giorgia Meloni, prudente, ait préféré faire le voyage de Mar-a-Lago après le Hongrois Orban…

Voici qui laisse Macron bien seul avec sa dissolution ratée, plus aucune majorité, ni un sou en caisse, mais 3 300 milliards de dettes…

Pas sûr que ses dissertations interminables devant des ambassadeurs suffisent. Ni à gérer la sortie de la guerre d’Ukraine, ni à stopper la bombe iranienne, ni… un éventuel assaut américain contre le Groenland. Il serait assez comique de soulever l’article V de l’OTAN en cas d’attaque américaine contre le Danemark, voire contre l’annexion du Canada…

Pierre Lellouche

Tribune VA, 10/01/2025

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